« La première question qu’on me posait, c’était « what’s your name ?» Comment vous appelez-vous ? et aussitôt l’élève me disait fièrement son nom. Une manière de dire « j’existe » ! La 2ème question, quand ils savaient que j’étais mariée, c’était toujours, que ce soit les filles, les étudiants, les séminaristes. « Est-ce que c’est un mariage d’amour ? » !
C’est difficile et lent de faire évoluer le statut de la femme en Inde. Les mariages se préparent encore dès la naissance. La jeune fille est autorisée à sortir un mois avec le garçon. Les fiançailles durent 3 mois. Et enchaînent avec le mariage où il est normal que la femme apporte plus que l’homme. La famille de la mariée s’endette jusqu’aux cousins pour financer le mariage et la dot. Il faut nourrir tous les amis et le village pendant plusieurs jours. C’est pourquoi les filles ne sont pas les bienvenues à leur naissance. Quand elles peuvent aller à l’école, elles saisissent leur chance et bossent énormément. Du coup, en ville, à Chennai par ex, il n’est pas rare de trouver des femmes à des postes de cadres, PDG…
J’ai été frappée par la discipline joyeuse qui règne dans tous les centres. Lever 6h pour l’étude ou pour un petit travail avant le petit déjeuner puis les cours. Ce petit travail permet à l’élève de participer symboliquement à ses frais d’études : balayer la cour, ôter les mauvaises herbes, arroser… Ils font ça sans rechigner… et même avec fierté et beaucoup de soin. Par contre, ils peuvent laisser un papier par terre, cela arrive. Les éducateurs essaient de les sensibiliser à ces questions.