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Actualité

Voyage de Chantal - 2017
Témoignage de Chantal, bénévole de l’Association
Nov 30, 2017

Chers amis, je reviens d’Inde où j’ai passé 4 semaines pour les Amis du Père Guézou ( 9 oct – 7 nov 2017). C’est mon 8ème voyage à la découverte des Centres Don Bosco. J’ai été à nouveau fascinée par la joie des élèves et des étudiants. Et aussi par leur nombre, leur sérieux et leur assiduité ! Partout j’ai été entourée d’affection et de gestes de reconnaissance de la part des éducateurs, des enfants, de leurs familles. J’ai reçu ces signes de gratitude en votre nom à tous. J’ai sillonné l’Inde du Sud, de Chennai à l’est, jusqu’à Kochi (Cochin) sur la côte ouest pour découvrir tout ce qui a été créé, construit, réparé, entretenu, développé grâce à vos dons : c’est extraordinaire. Les enfants étaient heureux d’entendre parler de la France : le souvenir du Père Guézou est présent partout ! Les visages heureux, les sourires, la volonté de s’en sortir qui habite ces enfants et leur capacité de résilience pour certains… tout cela m’habite en permanence !
Je suis pleine d’admiration pour ces éducateurs dévoués et attentifs qui apportent un espoir formidable aux plus exclus. L’un d’entre eux, le Père Dennis -qui venait d’avoir un accident de voiture et avait le bras droit en écharpe- a parcouru 250 km en voiture (une journée sur les routes indiennes dangereuses et embouteillées) pour venir à ma rencontre et me parler de Namakkal. Dans ce Centre il accueille 48 garçons de 5 à 12 ans affectés par le virus du sida. 12 d’entre eux sont orphelins. 36 n’ont plus qu’un seul parent. Le centre Don Bosco est leur lieu de vie, leur école, leur tremplin. L’état fournit les médicaments et leur offre un contrôle à l’hôpital tous les 3 mois. Mais c’est le Centre, aidé de bienfaiteurs locaux et français, qui permet leur scolarisation, leur logement et nourriture, le maintien des liens avec leur parent malade, et qui les suit jusqu’à ce qu’ils aient trouvé un vrai métier, souvent loin à cause du tabou de la maladie.
Les petites filles atteintes du sida grandissent, elles, à Chennai, dans un Centre qui a ouvert à côté de Pope John’s Garden : Don Bosco Ambu Illam. C’est un grand bâtiment moderne qui accueille deux groupes de filles qui sont totalement séparés pour raisons médicales : il y a des dortoirs, des salles de classe, réfectoire, sanitaires… pour les petites contaminées par le virus Hiv. Et d’autres dortoirs, classes, réfectoire où vivent des jeunes orphelines ou qui n’ont plus qu’un parent. A Pope John’s Garden, léproserie au milieu d’un grand parc, la moyenne d’âge est maintenant globalement âgée. Signe que la lèpre, soignée à temps, permet une vie normale et sans mutilation. Il n’y vit plus qu’une dizaine de femmes et une douzaine d’hommes assez âgés qui continuent de jardiner et participer à la vie quotidienne, dans la mesure de leurs possibilités. Des religieuses les aident à vivre dignement au quotidien.
J’ai été très émue par une jeune femme contaminée par la lèpre. Elle venait d’être opérée : son bras droit avait été reconstitué. Prouesse de la médecine. Elle voulait reprendre une vie normale après sa cicatrisation. Quelle énergie !
A Bargur, comme l’an dernier, j’ai aussi rencontré les personnes atteintes de la lèpre que le Père Guézou avait installées là. Certaines sont lourdement handicapées et âgées. Leurs enfants ne vivent pas sur place mais j’ai été admirative de voir que les liens familiaux se maintiennent : deux jeunes étudiants, bien portants, étaient venus voir leurs grands- parents, bravant les tabous. Leur joie à tous était extraordinaire.
Je suis arrivée à Ennore, à 15 kms de Chennai sous une pluie battante. Tout débordait et l’eau atteignait le caisson du 4×4 ! Ennore est un village de pêcheurs qui a énormément souffert des inondations de Noël 2015. 2400 habitants y ont trouvé la mort. Il y a là 3 églises même si la majorité des 5000 habitants sont hindous. Le Centre d’animation Don Bosco est tenu par le P. Selvanathan et le P. Joe Andrew. Tous les soirs, de 18h à 20h, ils accueillent 70 garçons et filles de 7 à 18 ans. Ces enfants vont à l’école du gouvernement mais bénéficient au Centre de l’aide aux devoirs proposée par les éducateurs. Le village vit difficilement de la pêche. Les femmes vendent le poisson frais ou séché. Les enfants repartent le soir après les cours avec de la nourriture pour toute leur famille.
J’ai fini mon séjour à Kochi (Cochin), à Sneha Bhavan « la Maison de l’Amour ». Ce Centre accueille des jeunes abandonnés, touchés par diverses addictions. Il y a de plus en plus d’enfants abandonnés hélas. J’ai passé dix jours sur place à jouer avec eux et parler avec leurs éducateurs. Les garçons sont maintenant une quarantaine. Ils ont un nouveau terrain de sport. C’est tellement indispensable ! Les vélos offerts par notre association l’an dernier sont bien utiles ! Les enfants pratiquent aussi la musique et la danse et m’ont offert un
spectacle inoubliable. Dire qu’il y a quelques mois, quelques années, ces jeunes étaient soumis à tous les risques de la rue : criminalité, prostitution, drogue et alcool. Aujourd’hui ils sont rayonnants. Ils croient en leur avenir.
J’ai été émue par le silence de l’un d’entre eux, Ajith Kumar. Aîné d’une famille de 5 enfants, il a été abandonné par ses parents trop pauvres pour le nourrir. Traumatisé, peu de temps après son arrivée à Sneha Bhavan, cet enfant de 9 ans a fait une crise cardiaque ! Je l’ai vu à sa sortie de l’hôpital. Je sais que la bonté et la confiance de ses éducateurs vont l’apaiser. Cette année, de nouvelles classes ont été construites ainsi qu’une infirmerie plus spacieuse. Les salésiens ont aussi ouvert une antenne de prévention du sida et de désintoxication. Les jeunes peuvent facilement rencontrer un psychologue, être soutenus de manière adaptée. Ce centre comprend une grande bibliothèque et une salle de rencontre où ils peuvent écouter de la musique et se détendre.
A quelques centaines de mètres de là, un bâtiment a été agrandi pour accueillir les petites filles.
Ce voyage a été un concentré d’émotions. J’ai photographié des dizaines d’élèves d’écoles, collèges, centres d’apprentissages techniques, informatiques, centres pour enfants à risques… Partout j’ai vu l’espoir.
Continuons ensemble !
Chantal Doudet